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dimanche 29 septembre 2013

Stornoway-Arzal, retour en Bretagne.

Les derniers 755 milles sont avalés rapidement (5 jours et 4 h), sans détours, et principalement au moteur les 3 premiers jours en raison d’une météo très clémente générant des vents très faibles d’est à sud-est toujours inférieurs à 10 nœuds (du jamais vu en mer d’Irlande !). Seule la traversée de la manche s’est faite au près bon plein avec un vent d’est de 15 à 25 nœuds dans une brume réduisant la visibilité à moins de 2 milles.  Nous passons Ouessant puis le raz de Sein dans un brouillard très épais ; nous n’avons rien vu. Comment faisions-nous il y a 20 ans sans radar et sans AIS ?

La route Stornoway-Arzal

Traversée de la Manche

Lever du soleil en mer des Hébrides
Cette navigation fut très pédagogique permettant à chacun de se replonger dans le balisage (phares et bouées) avec ses feux et signaux, les règles de route et de barre  pour prévenir les abordages en mer, les marques de nuit des différents navires (navire de pêches, cargo, tanker, ferry, …), les outils d’aide à la navigation (GPS, AIS, radar, cartographie), et d’appréhender l’art de conjuguer avec les courants. Un des « passages à niveau » étant toujours le passage entre l’Irlande et l’Ecosse au nord de Belfast, 50 milles à parcourir de préférence poussé par le courant, et bien sûr en arrivant à la pointe de la Bretagne le passage du raz de Sein.

Traversée des rails
Nous retrouvons les dauphins,  goélands, mouettes, pingouins torda, guillemots, cormorans, fous de bassans, …  et aussi le brouillard, la bruine, le crachin breton, … entre quelques belles éclaircies.  
Et le temps est très doux (nous avons éteint le chauffage du bord).





Equipier clandestin!
Après une escale d’une nuit à Belle-Ile où nous retrouvons famille et amis, nous franchissons l’écluse du port d’Arzal sur la Vilaine, ce dimanche 29 septembre après 104 jours de navigation et  4850 milles parcourus.

Content!

Rentrée d'Algol dans l'écluse d'Arzal 

Algol amarré au quai à Arzal


Encore quelques jours de travail le temps de désarmer le bateau avant d’aller se reposer.

Prochain départ en 2014 pour une nouvelle saison au Groenland ou autres destinations.



dimanche 22 septembre 2013

Navigation express : Reykjavik (Islande)-Stornoway (Ecosse)

Nous voici bien amarrés au quai du commerce du port de Stornoway (Outer Hébrides) au Nord-ouest de l’Ecosse et bien contents d’être arrivés.

Notre route
 
Notre traversée Reykjavik-Stornoway fut merveilleuse, rapide (654 milles en 4 jours) mais un peu stressante pour cause de fenêtre météo bien petite :

Un océan atlantique  majestueux avec une belle houle et une mer forte, un soleil présent une grande partie de la traversée, une pleine lune fidèle compagne de nos quarts de nuits, les températures de l’eau (8 à 12°) et de l’air croissantes rendant les manœuvres sur le pont plus agréables ont facilité cette traversée.
 
 
Séquence frisson ! 

Jeudi soir, 2 très grosses baleines, plus grandes que le bateau, croisent notre route de très très près, évitant de peu une collision avec Algol ; nous avons dû les réveiller !  La première, surgissant sur notre bâbord, se retourne, montrant son ventre blanc, et plonge sous le bateau à quelques mètres de la coque dans un grand remous, nous évitant ainsi. Alors que nous désactivons le pilote pour reprendre la barre et l'éviter, la deuxième surgit sur notre avant tribord. Ce sont 2 rorquals communs dont la taille peut atteindre 22m et le poids 70T. Rétrospectivement nous avons eu peur de les aborder avec les conséquences que nous pouvons tous imaginer ; d’où le frisson!


Notre meilleure journée fut de 190 milles (352 km) parcourus.  

Poussés par un fort vent de Nord à Nord-ouest nous quittons Reykjavik le soir du mardi 17 septembre. Sous GV (grand-voile) à 2 ris et Yankee 2 (35m2) nous passons rapidement, bien que refoulant du courant, Reykjanes (pointe sud-ouest de l’Islande) portés par une mer forte.

La journée du mercredi, le long de la côte sud de l’Islande, nous offre une très belle vue sur les volcans islandais, les îles Vestmann dont Surtsey (île apparue en 1963), poussés par un bon vent sous Yankee 2 tangonné, trinquette et GV à 2 ris.
 

Ile de Surtsey


 
En fin d’après-midi le vent faiblit (nous mettons le moteur ne pouvant pas nous autoriser de traîner dans ces coins) rentrant d’est puis sud-est confirmant le passage d’un front. Pas sympa de faire du près !

Après une matinée du vendredi pluvieuse et bien secoués par une mer hachée le vent forcit de sud-ouest à plus de 25 nœuds et c’est à plus de 8 nœuds que nous pouvons faire route directe sur l’Ecosse. Ce vent de travers, forcissant jusqu’à 35 nœuds avec des rafales à 40 nœuds nous accompagne jusqu’au nord des Hébrides. C’est sous yankee2, trinquette, GV à 2 ris et artimon à 2 ris que nous engrangeons des milles, le but étant de devancer une dépression se creusant dans notre sud-ouest. La dernière nuit est « musclée », la mer de travers secouant bien le bateau. Il est difficile de trouver le sommeil car trop secoués dans nos bannettes. Pas questions de lever le pied ; il est impératif d’arriver à Stornoway samedi avant 18h, les météos anglaises, islandaises et américaines confirmant un violent coup de vent de sud à sud-ouest à 40 nœuds. C’est sous la pluie, sans visibilité et contre le vent forcissant  que nous parcourons les 25 derniers milles de cette traversée express, et fatigante (nous ne sommes que 4 à bord).


 
Nous sommes très bien accueillis à Stornoway, rassurant les instances du port avisées par les garde-côtes islandais de notre départ de Reykjavik. Ces derniers nous avaient demandé, comme les années précédentes, de leur communiquer notre position toutes les 12 heures et ils nous ont appelés sur iridium pendant la traversée.

Aujourd’hui, un fort vent de sud ne nous permet pas d’appareiller. Nous pensons repartir demain, lundi, dès que les vents faibliront et faire route directe sur la Bretagne sud. Nous apprécions cette journée de repos à Stornoway dont le cadre verdoyant est toujours aussi plaisant.








 

samedi 14 septembre 2013

Appareillage retardé

Après une matinée consacrée à l'analyse des fichiers météo nous avons décidé de repousser à mardi, au plus tôt, notre tentative de départ. Donc, pas d’escale aux îles Vestmann au programme ce weekend.
Etude des fichiers météo à la table à cartes
Simulation de routes

La dépression se creusant au sud-est de l’Islande va générer sur Reykjavik  des vents de plus de 100km/h à partir de demain, et l'ouragan "Humberto" qui a pris naissance au Cap Vert en début de semaine remonte dangereusement l'atlantique nord en milieu de semaine, point chaud à éviter.
Le baromètre a chuté rapidement ce matin et la pluie est arrivée. Il ne fait pas très chaud !

carte météo : prévision pour dimanche
 
Fichier GRIB : vents dimanche entre Islande et Irlande
 
Montée de l'ouragan "Humberto" dans l'atlantique nord
 
Ouragan "Humberto"

Hier ce fut visite du musée national et piscine après une matinée de matelotage et de révision du mât entre deux averses.
Contrôle du mât. En fond "Harpa" (hall de concerts)

Le moral de l’équipage est bon, chacun de nous trouvant des centres d’intérêts à Reykjavik.


jeudi 12 septembre 2013

Virée Islandaise

Nous profitons de notre escale forcée à Reykjavik pour visiter les alentours, et cela malgré une météo maussade. Il fait froid, 2°, le vent souffle, et la neige recouvre les montagnes au-dessus de 500 mètres d’altitude. A entendre les Islandais, l’hiver semble avoir un mois d’avance !

Notre virée du jour nous a conduits à la découverte de Gullfoss (succession de deux chutes d’eau d’Islande situées sur la rivière Hvítá, d’une hauteur de 32 mètres [   et d'une largeur de 70 mètres),  de Geysir (geyser islandais qui a donné son nom à tous les autres, et dont le terme vient du verbe islandais gjósa signifiant « jaillir ») et de Thingvellir (failles saillantes, comme de larges cicatrices dans le paysage entourées de toutes parts par des sommets allant jusqu'à un peu plus de 1 000 m d'altitude).


Gullfoss


Geysir
 


Thingvellir



Après plus d’un mois au Groenland, le plus dur est le retour brutal à cette société de consommation et de confort, riche en sons et lumières autres que ceux de la nature !
 

mardi 10 septembre 2013

Attente à Reykjavik

Nous sommes bloqués à Reykjavik par une très mauvaise météo ne nous permettant pas d'appareiller pour une traversée sur l'Irlande sereinement. Une suite de dépressions balaye l'atlantique nord avec des vents de sud-est à sud-ouest puis ouest de plus de 40 nœuds, nous barrant la route vers le sud. D'après notre analyse, une fenêtre météo se profile en fin de semaine, soit samedi au plus tôt. Mais cela peut encore changer, les prévisions à plus de 5-6 jours étant quelquefois peu fiables. Nous surveillons donc quotidiennement l'évolution des dépressions venant de l'ouest construisant différents scénarios. Nous avons besoin de 5 jours pour rejoindre au plus court l'Ecosse à partir des îles Vestmann au sud de l’Islande.
 
Algol à Brokey marina devant le "concerto hall" Harpa.
 
Situation météo mardi 1O/09

Prévsion météo pour dimanche 19/09
 
 

vendredi 6 septembre 2013

Au revoir Groenland ; retour en Islande.

Nous voici à Reykjavik, en Islande, après une belle traversée de 3 jours depuis Sermiligaaq, petit village de la côte est du Groenland. Grand beau temps, splendides aurores boréales, ciel étoilé, vent faible (5 à 15 nds), houle (bien agitée les premières 24h) ont agrémenté cette navigation. La température de l’eau passe de 2° à 9°, notre dernièr iceberg nous salut à 80 milles (150 km) des côtes groenlandaises, des baleines nous font un signe timide de leur jet et de leur queue, les globicéphales et les fulmars nous accompagnent dans le détroit du Danemark (ou mer du Groenland) et nous retrouvons les gros chalutiers islandais et féroïens pêchant dans les grands fonds.
Côte Groenlandaise

 
Dernier iceberg

Aurore boréale




La dernière semaine au Groenland est marquée par deux grosses tempêtes qui nous immobilisent dans des mouillages. Bloqués dans un petit mouillage dans le fjord Johan Petersen, ceinturé de rochers et à l’abri du Nêrernat-tivaq (634m), un vent froid de nord-ouest descendant directement de l’Inlandsis* nous retient pendant 24h, les yeux rivés sur notre anémomètre (vent à plus de 45 nœuds) et notre sondeur. Le mouillage est de bonne tenue.

*L’inlandsis, calotte glaciaire qui recouvre les neuf dixièmes du Groenland, domine les fjords de plus de 1000 mètres, et s’écoule lentement en d’immenses glaciers qui alimentent eux-mêmes les fjords en glaces dérivantes et en eau douce.

 
Au petit matin, sous un éclairage magnifique et sur une eau gelée nous mettons le cap sur le petit village de Tiniteqilaaq en traversant le Sermilik peuplé d’icebergs. Il fait froid !






 
Très vite le temps change de nouveau et c’est au mouillage (70m de chaîne dans 10m d’eau, artimon à 2 ris pour stabiliser le bateau) dans le fjord d’Ikatek, en face de l’ancienne base américaine, que nous laissons passer la deuxième tempête, ce dimanche 1er septembre. Pluie, neige au-dessus de 400m, vent fort et clapot secouant notre voilier animent cette journée d’attente.

 
La prudence du langage des groenlandais est en phase avec la nature qui les entoure. Leurs phrases commencent très souvent par « upa ou imaqa » : « peut-être », « imera » : « il peut se faire que cela soit », « takisawarput » : « nous verrons ».

Notre mode de pensée d’Europe occidentale fonctionne tout simplement avec des « parce que », « because », … Au Groenland, face à une situation exigeant une décision claire ou une explication, alors c’est un autre mot qui s’impose toujours : « imaqa »,… peut-être. L’expression de la nature environnante explique-t-elle de cette prudence ?

Notre dernière journée au Groenland nous offre le spectacle magnifique des chutes de pans de glaces de 30 mètres de haut alors que nous longeons le front du glacier Rasmussen.



C’est toujours avec la même émotion que je quitte cette région du Groenland que j’ai fait mienne pendant 40 jours. Cette dernière semaine est automnale avec ses nuits de 6 heures, le pont gelé au petit matin, les linaigrettes s’étiolant, la neige saupoudrant les montagnes, ses éclairages particuliers, son temps changeant très rapidement, les lumières des petits villages ressemblant à celles de nos crèches provençales, … Tout semble éphémère comme les aurores boréales dans le ciel, les glaciers qui relâchent des morceaux de glaces énormes qui dérivent, changent de forme et de couleurs au grès de leur voyage et disparaissent, la glace de mer qui immobilise le paysage au lever du jour, …

C’est un pays où « Dame Nature » est magique !

Alors que nous progressions dans la glace face à l’Inlandsis un équipier s’exprimait : « encore un peu plus et nous sommes au milieu de nulle part ! »

Mouillage de Sangmileq



Tasiilâq

Tasiilâq


Tiniteqilâq

Mouillage d'Ikateq

Glacier Karale


Glacier Karale


Sermiligâq
 
Quant à la population de cette côte, les descendants des eskimos racontés par Paul-Emile Victor, son évolution anime nos discussions quotidiennes dans le carré. Il n’y a plus d’eskimo ! L’époque ou un phoque apportait à la famille du chasseur nourriture, lumière, chaleur et vêtements, ou d’une seule action réussie tout le reste découlait, est belle et bien révolue.

La colonisation Danoise, malgré les aspects positifs que nous pouvons observer (éducation, soins, habitat, …) a cependant apporté le moteur du monde occidental, celui de créer des besoins et  faire payer pour leurs satisfactions et ses aspects négatifs (alcoolisme, assistanat, consommation, perte de d’identité, …) Les eskimos avaient-ils envie de cela et que restera-t-il de leur propre culture?

 
Appareillage pour la France lundi 9 septembre. Une partie de l’équipage débarque à Reykjavik ce jour et c’est à 6 que nous continuons notre navigation vers la Bretagne. Nous avons 3 jours pour faire l’approvisionnement en vivres frais, les révisions habituelles du moteur (vidanges, changement des filtres), lessives et contrôle du gréement, sans oublier les moments de détente dans les bains chauds des piscines de Reykjavik.
Nous étudions de près les fichiers météo et construisons des scénarios de routes. Escale ou pas aux îles Vestmann, passage par l’Ecosse ou l’Irlande, route directe, … ?
Arrivée à Arzal prévue le 27 septembre.