Deux univers pour satisfaire votre quête des grands espaces en toute quiétude.



samedi 27 juin 2015

Les morses du Spitzberg

Nous trouvons notre première colonie de morses à Poole-Pynten, sur la côte est de Prins Karl Forland.
Le morse est impressionnant par son allure massive, son poids (1200 Kg le mâle et 700 Kg la femelle), coup épais, petite tête, yeux minuscules, large museau et deux longues défenses (35-40 cm chez le mâle, 25-30 cm chez la femelle), peau très épaisse et fortement plissée, ornée de tubercules chez le mâle, devenant rose au soleil, au pelage court, roue à brun chez la femelle.

Nous trouvons deux autres colonies, dans Magdalena baie, sur une lagune devant le glacier Gullybreen, et au mouillage de Smeerenburg au sud-est de l’île Amsterdamoya.
Partie de rigolade en les regardants se rouler sur la plage pour se déplacer ou faire la planche.
A cela il faut rajouter leurs différents bruits, éternuements et autres, et l’odeur qu’ils dégagent quand nous nous déplaçons sous leur vent.

Superbe découverte !

Colonie de morses de Poole-Pynten












Le "roulé-boulé"du morse
Le "roulé-boulé"du morse
Nageoire postérieure aux 5 petites griffes

Solstice d’été au Spitzberg

Ce jour de solstice d’été nous apporte un grand beau temps, un soleil de minuit étincelant, un régime anticyclonique tant attendu depuis un mois et demi (le baromètre atteint les 1027 Hp), et un peu de douceur. Ce beau temps ensoleillé ne dure malheureusement pas.
Le soleil de minuit passe au méridien de notre longitude 11°15’ Est à 01h17’ (TU + 2). Il faut donc veiller ou se réveiller pour l’observer ! Chose que nous faisons ce 21 juin.

Soleil de minuit
Soleil de minuit à Magdalena baie

Cette première navigation sur la côte nord-ouest nous mène jusqu’au 79°50’ de latitude nord (à 1030 km du pôle nord) dans le Smeerenburgfjorden entre le Spitzberg et les îles Amsterdamoya et Danskoya. Nous longeons la côte de Vasahavoya en quête d’un ours solitaire ; nous ne voyons que ses traces de pattes dans la neige ! De nombreux glaciers, 7, d’une blancheur éclatante, se succèdent de Magdalena baie à Fuglefjorden.

Glacier Conwaybreen Baie du Roi
Glacier du 14 juillet
Glacier Kongsbreen Baie du Roi
Glacier Smeerenburgbreen
Glacier Svitjodbreen
Glacier Waggonwaybreen 

Nous faisons escale à Ny-Alesund, haut lieu de la recherche internationale (8 bases scientifiques), dont je parlerai ultérieurement.

Notre croisière est rythmée par des navigations le long des majestueuses chaines de montagnes et des fronts des glaciers, des débarquements à terre pour observer la faune dont les colonies de morses (voir chapitre Morses) et la flore renaissante, des randonnées pédestres vers des glaciers ou à la découvertes de vestiges d’occupation et d’activités humaines vieux de 4 siècles, témoignages culturels aujourd’hui sous protection et bien conservés sur cette zone arctique.

Prins Karls Forland
Au pied de Gullybreen
Rando au glacier Gullybreen
Mouillage dans Magdalena baie
Carte Magdalena baie
Mouillage de Smeerenburg
Collecte de glace pour l'apéro!!!
Les glaciers, avec leurs imposantes sculptures de glace et leurs couleurs blanches et bleutées rivalisent entre eux pour attirer notre attention. Les parties bleutées trahissent une rupture récente alors que la façade très blanche témoigne d’une activité modérée. Des fronts glaciaires s’immobilisent sur les fonds rocheux avant d’entamer leur retrait inexorable. Des glaciers, très actifs, engendrent une grande quantité d’iceberg. Le Kongsbreen et le Conwaybreen, au fond de la baie du Roi, avancent d’un mètre par jour. Ce n’est qu’émerveillement.  Nous sommes impressionnés par les 8 km de front du Lilliehôôkbreen et ses 65 m de hauteur.

Lilliehôôkbreen





65 m. de front de glace du Lilliehôôkbreen
Les phoques solitaires sur leur plaque de glace se laissent approcher ; c’est un jeu de cache-cache !

Phoque barbu




Il y a encore beaucoup de neige bien qu’en pleine période de dégel. Les sols sont gorgés d’eau ne facilitant pas les randonnées ; nous nous enfonçons jusqu’aux genoux dans la neige et la boue.
Après la neige, la toundra, très riche en végétation (1150 espèces végétales enregistrées avec les mousses et lichen), tapisse les plateaux. Les rennes, que nous voyons souvent, retrouvent leur alimentation dont les saxifrages à feuilles opposées.

Toundra


Renne


Jeunes rennes
Les très nombreux oiseaux (203 espèces enregistrés et plus de 100 000 individus par espèce) nichent au sol dans les zones humides de la toundra ou sur d’énormes falaises colorées par les différents végétaux. Au pied de ces falaises les milliers d’oiseaux sont impressionnants et assourdissants. C’est un spectacle permanent, visuel et sonore, difficilement descriptible. Fulmars, oies, bernaches, eiders, labbes, goélands, mouettes tridactyle, sternes arctique, guillemots de Brünnich et à miroir, mergule, macareux, bruant des neiges sont facilement observables.

Falaise aux oiseaux d'Alkhornet

Bernaches nonnette


Eiders
Oeufs d'Eiders
Goélands sur plaque de glace

Labbe à longue queue
Maccareux
Sterne arctique
Nous voilà de retour à Longyearbyen pour la relève d’équipage. Aujourd’hui, le ciel est très bas et il pleut. Nous ne voyons plus les montagnes. Appareillage lundi pour une nouvelle quinzaine sur la côte nord-ouest.



Note sur le Svalbard : « Pays aux côtes froides ».

L’archipel du Svalbard, isolé en bordure de l’océan glacial arctique : quelques mots et chiffres.

1 île principale, le Spitzberg, et 8 îles secondaires (lîle aux Ours, Prins Karls Forland, Nordaustlandet, Kvitoya, Kong Karls Land, Barentsoya, Edgeoya, Hopen) et des centaines d’îlots, compris entre 74° et 81° de latitude nord et 10° et 35° de longitude est.
63 000 km2 (39 000 pour le Spitzberg) dont 60% englacés.
Intérieur de l’île principale constitué de plateaux sédimentaires entaillés de cirques glaciaires.
Beaucoup de glaciers pas suffisamment alimentés qui se rétractent lentement à l’intérieur de leur vallée.

Découvert en 1596 par le Hollandais Willem Barents. C’est alors le début d’une course effrénée pour les ressources dans un « no man’s land ».
Aucun signe de population autochtone, inuit, Sames (Lapons) ou Samoyèdes, seulement des montagnes, des fjords, des glaciers et de la glace éternelle, une végétation clairsemée, une faune arctique.
Fréquenté par les baleiniers hollandais, français, danois et anglais, par des trappeurs russes et norvégiens, puis des explorateurs, scientifiques, industriels  et croisiéristes.
1900 : début de l’extraction du charbon.
2000 : Le Spitzberg devient un centre important de recherches internationales (analyses de fossiles de Sauriens, mesures topographiques, forage de glace, études météorologiques, observatoire d’aurores boréales, exploration de l’atmosphère, …)

A l’occasion du traité de Paris en 1920, l’archipel des Svalbard a été attribué par 9 nations à la Norvège, qui a ratifié sa souveraineté le 14 août 1925. Toutes les nations ont les mêmes droits à l’exploitation des ressources.
Administration Norvégienne représentée par le gouverneur (Sysselmannen) sis à Longyearbyen. Ses missions : service de police, de la protection de l’environnement, des recherches judiciaires, du sauvetage, de la vie touristique et des affaires de pollution ainsi que la protection des espaces protégés, des sites culturels, de la flore et de la faune.

Soleil de minuit du 19 avril au 23 août.
Nuit polaire du 10 novembre au 2 février.
Température moyenne en été : 5°C.
Amplitude thermique maximale enregistrée : -46,3/21,3°C

2 600 résidents dont 1650 norvégiens, environ 850 Russes ou Ukrainiens et une dizaine de Polonais.