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vendredi 24 juin 2011

Le canal calédonien

Ce samedi 18 juin.
Nous appareillons d’Oban dans l’après-midi, après le changement d’équipage.

La pluie et le vent de N à NE, dans le pif,  force 4-5, nous accompagne tout au long des  19 milles que nous  parcourons jusqu’à un mouillage sur fond moyen, d’algues, dans Sgeirean Shallachain.
Pour info :
Le mouillage « fait tête » quand l’ancre croche.
« A pic » signifie que l’ancre est décrochée quand on relève le mouillage.

Ce dimanche 19 juin.
Appareillage dès 6 h. du matin et belle navigation dans le Corran Narows en route vers l’entrée du canal Calédonien, à Fort William, où nous arrivons à 8h30. Entrée dans Sealock, la première écluse.


Le canal calédonien est un canal du Royaume-Uni creusé au début du XIXe siècle pour relier Corpach près de Fort William sur le Loch Linnhe (côté Atlantique) à Inverness sur le Beauly Firth (côté mer du Nord) en évitant le périlleux contournement du nord de l'Écosse.


Le canal calédonien a été construit par Thomas Telford entre 1804 et 1822. Il est long de plus de 96 kilomètres et suit le Great Glen dans les Highlands. Son tracé traverse trois grands lacs, le loch Lochy, le loch Oich et le loch Ness, si bien que seuls 35 kilomètres sont de véritables canaux qui comportent 29 écluses. Une course de bateaux à voiles-avirons, la Sail Caledonia, a lieu d'ouest en est sur le canal, du Ben Nevis, point culminant du Royaume-Uni, à la ville d'Inverness, sur la mer du Nord.



Très belle journée, en tee-shirt, au cours de laquelle nous rentrons dans le canal calédonien et
enchaînons dans la foulée le passage de 11 écluses, en 2h45.  Le bateau étant grand et lourd, il est nécessaire de maintenir le bateau en tension sur une garde avant au moteur pour ne pas se mettre en travers dans l’écluse lors de la montée des eaux. Il y a donc deux équipiers à terre qui déplacent les amarres à chaque changement d’écluse, un sur le pont avant pour régler la pointe avant, un à la barre et au moteur et un au réglage de la garde arrière. Il faut tirer fort sur la pointe arrière lors de la montée du bateau dans l’écluse pour rester bien plaqué contre le mur. Bon pour les bras et les abdos!


L’accueil dans le canal est super. Les éclusiers et éclusières sont très aimables, certainement en raison de cette période de faible affluence, il y a peu de bateaux. Mais je ne comprends par leur anglais très rapide et  entaché d’un accent qui semble local. Les écluses et les environnements verdoyants sont super clean. Il y a des sanitaires à chaque écluse et les douches sont superbes.
Nous voilà amarré à Banavie pour la nuit.




Ce lundi 20 juin,
Voilà 3 jours que nous avons quitté Oban. Le rythme a radicalement changé, en plus de l’équipage. Le bateau ne gîte plus, les voiles sont ferlées et protégées par leurs tauds, et le moteur berce notre navigation en eau douce et calme.
Ce matin nous visitons une deuxième distillerie, celle de Ben Nevis. Visite décevante car la distillerie était en période d’entretien pour une remise en route en juillet. De plus, contrairement à celle de Bowmore, la germination du malt, sous-traitée, n’est pas faite sur place. Et le whisky n’était pas bon, de l’alcool pur, surtout à 11h. du matin. Je crois, et les guides sont unanimes, que s’il y a une distillerie en Ecosse à visiter, c’est celle de Bowmore.
Nous sommes à l’entrée du loch Oich. De part et d’autre des rives des montagnes verdoyantes et boisées, d’où émergent le sommet encore enneigé du mont Ben Nevis à 1344m, nous dominent.


Aujourd’hui est une journée plus cool. Le beau temps est de nouveau de la partie. De retour de la distillerie nous continuons à prendre de l’altitude par l’intermédiaire de 3 écluses. Arrivé dans le loch Lochy, nous nous laissons dériver sur une eau noire et plate, sans ride, tel un lac.


Amarrés dans Ceannloch la soirée est douce, le ciel haut et le décor environnant de belles couleurs.

Ce mardi 21 juin
Il a plu cette nuit et de gros nuages noirs assombrissent le ciel. On se croirait dans les montagnes alpines sur un lac. Non loin du bateau il y a de nombreux moutons dans un pré.
Aujourd’hui nous traversons le loch Oich, ligne de partage des eaux, donc point le plus haut du canal. Dès cet après-midi nous franchirons les premières écluses descendantes. Côté paysage on se croirait dans le jura. Conifères et feuillus se mélangent et rhododendrons mêlés aux fougères colorent les berges.

Le ciel est bas, un vent froid du nord souffle, au point que nous sortons bonnets, vestes chaudes et cirés.
Nous venons de planter la pioche dans une petite anse au bout du loch Oich.
Nous faisons du pain ; nous avons fini le dernier ce matin.
Recette : 2 bols de farine, 1 grosse cuillère à soupe de sel, 2 sachets de levure et 1 bol d’eau, et beaucoup de force et d’énergie pour pétrir une belle boule.
Un crachin breton vient d’englober l’atmosphère.
Nous franchissons les 2 premières écluses descendantes avant de s’amarrer à un ponton à Fort Augustus.
Sur une berge nous voyons des cerfs avec de très beaux bois.

L’odeur du pain embaume l’atmosphère du bateau. En combien de temps allons-nous le dévorer ?
L’ambiance à bord est bonne. Le rythme beaucoup plus calme de la croisière fluviale est plus propice aux échanges.

Ce mercredi 22 juin
Il a plu toute la nuit, et fortement vers 2h. Tout est humide, les panneaux de pont chargés de condensation suintent. Et ce matin, seul un ciel chargé de nuages emplie l’atmosphère.
Nous ne trouvons pas de borne wifi à Fort Augustus, bourg touristique peu sympathique, ou seul des figurines de Nessie emplissent les vitrines. Nous achetons du pain anglais, car celui fait à bord, fortement apprécié, part à une vitesse « grand V ».


L’ouverture des écluses est retardée de presque deux heures. Nous franchissons alors les 5 écluses qui nous donnent accès au Loch Ness. Le vent souffle dans l’axe du loch, NE, à 18 nœuds et un clapot ride la surface de l’eau. Et si nous faisions de la voile ? Nous calculons que si nous tirons des bords pour remonter le loch Ness vers le nord, en raison de la largeur du loch, 0,4mn, et de la vitesse du bateau, il faudrait virer toutes le 4 minutes ? Situation dissuasive ; nous remontrons au moteur.
Le projet de débarquer une partie de l’équipage à terre pour une rando et de les retrouver plus au nord en fin de journée est abandonné en raison de la météo incertaine. Le «sorcier» (le baro) est descendu et ne semble pas pressé de remonter.
Un peu de lassitude s’installe. Le passage des écluses, avec ses attentes, devient routinier, chacun ayant son rôle ; même si l’attention est de mise. Les journées commencent à se ressembler. J’ai hâte d’arriver à Inverness, de retrouver l’océan et de préparer la montée vers l’Islande.
Mouillage sur une rive du loch, à Invermoriston.
Ce soir nous mouillons au milieu du loch Ness, à Drumnadrochit, « the original Loch Ness Moonster Visitor Centre » ; je crains le pire si nous débarquons à terre. Devant, l’horizon se bouche et le brouillard semble envahir le loch. J’aime les horizons dégagés, ceux que l’on voit au large et en haute montagne. Ici j’ai l’impression d’être enfermé, oppressé par tant de verdure.
A 23 heures, le vent étant tombé, le temps adouci, nous décidons de changer de mouillage pour planter la pioche au pied du château de « Nessie », Urquhart Castle, illuminé, par 25 mètres de fond. Je mouille 9 maillons soit 90 mètres de chaîne. C’est l’occasion de rincer le mouillage puisque nous sommes en eau douce ! Séance photos.



A minuit nous installons le feu de mouillage sur l’étai de trinquette, une lampe à pétrole. Alors que nous naviguons avec Apple, avons de l’eau chaude, une chaudière et bien d’autres équipements, tels les vieux gréements bretons la lampe tempête à toute épreuve vient garder notre nuit au mouillage. De ma couchette, je la vois toute la nuit à travers le panneau de pont.




Ce jeudi 23 juin
Pluie ou soleil ? Le vent est tombé et reviendra par le sud.
Entre deux averses nous débarquons à terre, après avoir regonflé l’annexe. Nous nous faisons engueuler par les vedettes qui déversent des touristes au ponton privé du château, visiteurs ayant payés la ballade et la visite. Nous voici transformés en visiteurs clandestins sans ticket, situation qui ne nous empêchera pas de visiter la ruine du château, sans grand intérêt hormis la vue sur le loch et sur Algol au mouillage, quand le ciel daigne dégager un bout d’horizon.


Nous appareillons, après avoir bien rangé la chaîne et laver le pont,  pour un nouveau mouillage à quelques milles au nord. Nous sommes tentés d’envoyer le spi, pour 4 milles, par 5 nœuds de vent, mais la pluie nous dissuade. Le mouillage de Dores est joli, petite plage bordée de champs et d’arbres.

Le café est pris en terrasse, le temps d’un rayon de soleil, très court, qui incite 2 des équipiers à se baigner dans une eau à 9°c. Pari gagné, ils se sont baignés dans les eaux noires du loch Ness !
Et la 8ème averse de la journée nous chasse rapidement du pont et nous ramène tous à l’intérieur. Vaisselle pour certains, lecture ou sieste pour les autres. La pluie redoublant de force ne cessera plus jusqu’au soir, alors que le baromètre entame une remontée. Devons-nous interpréter cela comme l’arrivée du beau temps demain ? Amarré au ponton à Dochgarroch, la douche chaude est bienvenue. Il nous reste 6 écluses à franchir pour retrouver l’eau salée de la mer.



Ce vendredi 24 juin
Levé 7h00. Temps couvert. Je vais marcher sur les rives du canal mais la pluie me ramène rapidement au bateau. Nous franchissons les 4 écluses qui nous conduisent à la marina d’Inverness. Le ciel s’éclaircie, le baro remonte et le soleil pointe son nez nous réchauffant de ses rayons. On sort le linge mouillés et les cirés pour tout sécher. Deux averses nous feront tout rentrer de nouveau.
A quai pour 48 heures. Lessives en route, déjeuné, repos. Les filières se transforment en séchoir.
Jean-Baptiste vient de faire une mousse au chocolat. En effet nous avons décidé de dîner à bord ce soir plutôt qu’en ville ; la nourriture locale ne nous inspirant pas beaucoup.


La pluie est de retour et une dépression se pointe. Le « sorcier » plonge. Les prévisions sont bonnes en termes de direction de vent, nous devrions naviguer vers les Féroé au portant mais avec des vents F5 à 7. Pour l’Islande, les prévisions sont plus pessimistes, mais la projection est trop lointaine pour bâtir une stratégie.
La dernière soirée de cette semaine de navigation fluviale est agréable et riches en rires. C’est l’anniversaire du capitaine !

Ce samedi 25 juin,
Relève de l’équipage. Nous avons donc un peu de temps pour nettoyer le bateau, faire quelques appros, prendre des fichiers météo.
Ballade en ville, quelques courses, internet, prise des fichiers météo et dîner en ville.
Prochaine étape : les îles Féroé via les Orcades.




 

samedi 18 juin 2011

Ecosse

Nous avons quitté le port d’Arzal, en Bretagne sud, le 7 juin dernier. Après une escale à Belle-Ile, nous avons fait route directe au nord-est de l’Irlande. Après deux jours au près c’est sous le soleil et poussé par une brise portante que nous avons atteint Bangor le samedi 12 juin, escale motivée par un abcès dentaire d’une équipière et le passage d’un coup de vent.



Du 14 au 16 juin nous explorons l’île Islay, où nous visitons la distillerie de Whisky de Bowmore, très belle visite, et les îles Jura et Mull au sud-ouest de l’Ecosse.








 Le très beau temps nous offre des paysages merveilleux et nous avons le plaisir de faire de très beaux mouillages dont celui dans le loch Tarbert. On se croirait en Patagonie.


C’est sous la pluie que nous achevons cette première étape, à Oban, le vendredi 17 juin, après 776 milles parcourus en 11 jours de navigation.
Dernière soirée au restaurant pour déguster la spécialité locale, le Haggis ou la fameuse panse de brebis farcie.






Oban