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lundi 4 juillet 2011

Îles Orcades et Féroé

Ce lundi 27 juin,
Appareillage de Wick, au nord de Highland en Écosse, dans la matinée pour les îles Orcades. Petite étape pour rejoindre, Stromness dans les Orcades, à 40 milles.
C'est un très grand archipel semblable aux « Scilly » en beaucoup plus étendu.


La mer est calme car nous naviguons dans l'archipel, entre cailloux, épaves et balises.
A un moment nous étions sous reacher, GV et artimon, à 10 nœuds en route fond. Nous avions 5 nœuds de courant, alors que nous avons un coeff de marées de 47. Dans le guide on peut lire que les courants atteignent 12 nds de vitesse par grand coefficient.
Nous appareillons demain matin pour les Féroé. Météo correcte et vent favorable (portant) devrait être de la partie.
Dommage de ne pouvoir rester plus longtemps ici. Il y a de nombreux mouillages et de nombreux espaces naturel à visiter.
Nous avons fait le tour du village, c'est hyper mort et austère. Tout ferme à 5PM, les pub aussi. J’imagine un peu comment ça doit être en plein hiver. Les maisons de pierres ou crépis au ciment, certainement pour l’étanchéité, sont déjà tristounettes. Etre îlien ne doit pas répondre aux attentes et caractères de tout être humain.






Pour demain nous devrions avoir 25 nds de vent de SW, donc du portant, faiblissant. Ma seule crainte est la houle, car nous allons naviguer à l’arrière de la dépression qui centrée sur les Féroé s’essouffle doucement. Nous devrions avoir du très beau temps sur les îles Féroé. Nous y resterons au maximum 3 jours, donc 3 îles au programme ; ce sera un début. Il semblerait qu’il y ait de très belles falaises et des sommets à plus de 800 mètres.

Pour la suite de la croisière, une dépression nous barre le passage entre Féroé et Islande.
Notre route passera sur le bord nord-est de la dépression, zone qui générera des vents d’est forts, 30 à 35 nds, mais favorables pour nous car portant. Seule inconvénient de cette zone, c’est que nous serons en amont du front chaud donc sous la pluie. Mais tout cela est une prévision sur 5 et 7 jours, et cela peut changer. L’objectif est de passé au moins 24 heures aux îles Vestmann où les ballades sur le volcan sont parait-il superbes. Il faut que nous soyons le 7 juillet après midi à Reykjavík.
Nous n’avons pas refait de pain, ayant pu en acheter lors des escales. Dommage car le pain anglais est vraiment semblable au mauvais pain de mie. 
Il est dommage de faire qu’une escale ici, aux Orcades. Cette croisière est une reconnaissance. En effet, il y a matière à naviguer de nombreuses journées dans ces îles.


Ce mardi 28 juin,
Le ciel est grand bleu et le vent de SSW semble établi. C'est bon pour le moral.Très vite nous embouquons le Hoy sound pour sortir des Orcades.
Vent et houle s’opposent au courant favorable certes, (nous avons des petits coeff. de marées) levant une mer très courte et bousculant brutalement Algol et son équipage. A un moment Algol se plante dans la vague laissant celle-ci envahir le pont jusqu’au roof. Vision dantesque pour moi qui était à l’intérieur, à la table à cartes, face au plexi de roof.




Bien que court, une demi-heure, ce passage du Hoy sound qui s’est traduit par un petit coup de shaker, a bien secoué l’équipage et le contenu du frigo. Sympa !!!!
La houle restera grosse toute la journée générant un roulis néfaste pour les estomacs des équipiers.
Nous voilà sous voiles, yankee, trinquette, GV et artimon, par un vent de travers F4-5. Nous marchons à 7 nœuds, mais la houle, résiduelle,  n’est pas en adéquation avec le vent, logique puisque nous sommes à l’arrière de la dépression. Et puis c’est l’océan !
Dans l’après-midi, nous apercevons un orque, noir et blanc, mais il est loin et ne ressortira pas. Il y a des fous de Bassan et des Fulmars. C’est toujours un plaisir de les regarder voler ou plutôt planer sur les crêtes des vagues.
La nuit fut calme, vent de travers, voile et moteur, houle de travers, un chalutier évité au dernier moment, sans AIS, et caché derrière la trinquette, deux cargos. 

Ce mercredi 29 juin
Il est 11h, mon deuxième quart a débuté à 10h, le premier fut de 1h à 4h, avec Youenn. Il ne faisait pas nuit, même si le soleil est passé sous l’horizon pendant 4h. Pas de lune non plus.
Réveillé à 9h, les îles Féroé sont en vue droit devant l’étrave à 20 milles.
Dehors la mer s’est bien calmée, et le vent de travers ne nous pousse qu’à 3-4 nds.




Atterrissage sur l’île sud de l’archipel de Féroé, Suduroy. Vent refusant et forcissant (25 nds) le long de la côte, des falaises impressionnantes, nous finissons au bon plein à plus de 7 nds sur une mer plate. C’est grisant de voir la puissance d’Algol.
Nous voici amarré dans un port de pêche, à Tvoroyri (prononciation difficile), contre un quai, protégé par de très gros pneus. C’est pittoresque. Les maisons sont colorées et une grosse église (ou temple) domine le village. De nombreuses maisons ont des toitures végétalisées, bien épaisses.



Le douanier est à bord et fait les formalités d’entrée au Féroé (liste équipage, passeports, listes alcool et vin, …). Il visite le bateau, surtout pour son plaisir semble-t-il. Nous sommes bien accueillis et à entendre la population locale c’est le plus gros voilier qu’ils n’ont jamais vu dans le port. Nous devenons l’attraction des locaux qui passent voir le bateau.
Nous allons visiter le village et marcher un peu.  La vue sur le fjord est belle. Il y a des gros moutons dans les prés.  Il est minuit et il fait grand jour. Je trouve cela super et fascinant.  Le vent est tombé, la petite pluie a cessé et le fond de l’air est frais.
Un marin d’un navire de pêche voisin vient de descendre à bord. Il parle fort et son débit d’anglais est hyper rapide, avec un accent rocailleux, nous racontant des anecdotes de bateaux de passage.

Ce jeudi 30 juin,
Le temps semble beau, les sommets des montagnes sont dégagés. Petite ballade à terre, courses alimentaires de produits frais au supermarché du village, tour à l’office de tourisme pour récupérer des brochures et cartes des îles ; il y en a 18. Ces îles sont hautes en altitudes, jusqu’à 882 mètres pour le plus haut sommet. Au vu des courbes de niveau on parlera plus de falaises, de plus de 400 mètres pour certaines, que de montagnes. Des routes sur les rivages joignent les petits villages et il y a même des tunnels routiers pour relier certaines îles. Un seul pont, entre Streymoy et Eysturoy, dont le tirant d’air de 18 mètres interdit le passage d’Algol (19 m de TA).



L’équipage souhaitant passer une journée à terre, nous abandonnons le projet de faire un mouillage à Sandur, au  sud de l’île de Sandoy. Nous appareillons donc pour une navigation de 35 milles à destination de Torshavn, capitale des Féroé, sur l’île de Streymoy.  Il faut aussi prendre en compte la contrainte courant qui ne nous permet pas d’aller où l’on veut quand on veut. Chose paradoxale que je n’avais jamais vu et que nous n’expliquons pas, le marnage est faible (2 m au nord des îles et 0,50 m au sud) et les courants sont très forts générant des tourbillons dangereux dans certains passages (matérialisés par des échelles sur la carte marine). Chacun ira de son explication de la plus sérieuse à la plus loufoque.
Et en effet, pendant 2 heures nous naviguerons à 2 nds sur la  route fond, en corrigeant notre route de 50° pour lutter contre un fort courant traversier. La trajectoire d’Algol sur l’écran est révélatrice du phénomène. Merci MaxSea.


Passages nuageux, avec petite pluie fine, et soleil alternent toute au long de la journée. Le «sorcier » est remonté à 1024 HP et le soleil s’imposera. Le vent souffle du nord-nord-est, donc dans le pif pour notre route ; alors navigation au moteur. Les hauts des falaises sont souvent coiffés d’un épais halo nuageux ne nous permettant pas d’en deviner les crêtes.




Certaines îles, comme Litla Dimun, sont décrites dans les guides comme des gros rochers car, dixit les habitants, aucun mouton ne peut y survivre plus d'un an. En effet, de forme tabulaire, haute de 400 mètres et aux falaises verticales, seuls les oiseaux, dont les macareux y installent leur nids. Et de plus il est impossible d’y débarquer.
A 20h15 nous entrons dans le port de Torshavn, joli port de pêche bordé de maisons colorées aux toitures végétales. De jeunes rameurs s’entrainent dans le port ; c’est le sport national ici.






Ce vendredi 1er juillet.
Nous nous promenons dans la ville de 1 à 2 heures du matin. Il fait jour et le jour se pointe au NE. Dehors il fait 6° (dans le bateau 18°). Ces journées sans nuit me fascinent.
La matinée est consacrée à visiter la ville et son quartier aux maisons de bois et toitures végétales.








Cette après-midi nous faisons une  belle marche à pieds, à 300 m d'altitude. Très belle vue sur les îles et les fjords. Un petit côté norvégiens. On se croit dans les alpages à 2500 d'altitude, à la végétation rase avec des moutons blancs et marron.






On appareille demain à midi pour avoir les courants favorables.
La météo annonce des vents de 30, peut-être 35 nœuds pour les premières 36 heures, mais de SE, donc portant.
Notre souhait est de passer sous le front en faisant d'abord une route ouest avant de monter vers l'Islande. Il faut ménager l'équipage et nous sommes que 3 a vraiment manœuvrer.

Ce samedi 2 juillet,
Appareillage à 11h après un dernier tour en ville, quelques courses, douches, courriers, photos, ….
Poussés par un bon courant de 2 nds nous nous engageons dans deux fjords en longeant les falaises des côtes sud de Streymoy et de Vagar. Le paysage superbe, grandiose et le soleil font oublier à l’équipage qu’une houle confuse et un dur clapot secouent Algol et leur estomac. Tout l’équipage s’émerveille, prend des photos, commente la vision de cette côte riche en falaises,  dont les plus hautes dominent l’océan de plus de 500 mètres, et en cascades se jetant dans la mer. Trop en avance sur le courant nous ne pourrons pas nous engager dans le dernier fjord, le Mykinesfjordur, aussi nous mettons le cap direct sur l’Islande, à 396 milles dans le 285°.











A la manœuvre ; il faut tangonner le yankee à bâbord. A trois, nous le gréons –séquence transpiration !-. Le bateau se stabilise, accélère à 11 nds pour le plus grand confort de tous.

 

Alors que la côte s’estompe derrière nous, un ballet de fulmars, mouettes et fous de bassan accompagne Algol. Ils sont très nombreux. C’est un plaisir que de les voir voler, planer au grès du vent et des crêtes des vagues.


Au revoir les îles Féroé ; il faudra y retourner.