Ce jour de solstice
d’été nous apporte un grand beau temps, un soleil de minuit étincelant, un
régime anticyclonique tant attendu depuis un mois et demi (le baromètre atteint
les 1027 Hp), et un peu de douceur. Ce beau temps ensoleillé ne dure
malheureusement pas.
Le soleil de minuit
passe au méridien de notre longitude 11°15’ Est à 01h17’ (TU + 2). Il faut donc
veiller ou se réveiller pour l’observer ! Chose que nous faisons ce 21
juin.
Soleil de minuit |
Soleil de minuit à Magdalena baie |
Cette première
navigation sur la côte nord-ouest nous mène jusqu’au 79°50’ de latitude nord (à
1030 km du pôle nord) dans le Smeerenburgfjorden entre le Spitzberg et les îles
Amsterdamoya et Danskoya. Nous longeons la côte de Vasahavoya en quête d’un
ours solitaire ; nous ne voyons que ses traces de pattes dans la
neige ! De nombreux glaciers, 7, d’une blancheur éclatante, se succèdent
de Magdalena baie à Fuglefjorden.
Glacier Conwaybreen Baie du Roi |
Glacier du 14 juillet |
Glacier Kongsbreen Baie du Roi |
Glacier Smeerenburgbreen |
Glacier Svitjodbreen |
Glacier Waggonwaybreen |
Nous faisons escale à
Ny-Alesund, haut lieu de la recherche internationale (8 bases scientifiques),
dont je parlerai ultérieurement.
Notre croisière est
rythmée par des navigations le long des majestueuses chaines de montagnes et
des fronts des glaciers, des débarquements à terre pour observer la faune dont
les colonies de morses (voir chapitre Morses) et la flore renaissante, des
randonnées pédestres vers des glaciers ou à la découvertes de vestiges
d’occupation et d’activités humaines vieux de 4 siècles, témoignages culturels aujourd’hui sous protection et bien conservés sur cette zone arctique.
Prins Karls Forland |
Au pied de Gullybreen |
Rando au glacier Gullybreen |
Mouillage dans Magdalena baie |
Carte Magdalena baie |
Mouillage de Smeerenburg |
Collecte de glace pour l'apéro!!! |
Les glaciers, avec
leurs imposantes sculptures de glace et leurs couleurs blanches et bleutées
rivalisent entre eux pour attirer notre attention. Les parties bleutées
trahissent une rupture récente alors que la façade très blanche témoigne d’une
activité modérée. Des fronts glaciaires s’immobilisent sur les fonds rocheux
avant d’entamer leur retrait inexorable. Des glaciers, très actifs, engendrent
une grande quantité d’iceberg. Le Kongsbreen et le Conwaybreen, au fond de la baie
du Roi, avancent d’un mètre par jour. Ce n’est qu’émerveillement. Nous sommes impressionnés par les 8 km de
front du Lilliehôôkbreen et ses 65 m de hauteur.
Lilliehôôkbreen |
65 m. de front de glace du Lilliehôôkbreen |
Les phoques solitaires
sur leur plaque de glace se laissent approcher ; c’est un jeu de cache-cache !
Phoque barbu |
Il y a encore beaucoup
de neige bien qu’en pleine période de dégel. Les sols sont gorgés d’eau ne
facilitant pas les randonnées ; nous nous enfonçons jusqu’aux genoux dans
la neige et la boue.
Après la neige, la
toundra, très riche en végétation (1150 espèces végétales enregistrées avec les
mousses et lichen), tapisse les plateaux. Les rennes, que nous voyons souvent,
retrouvent leur alimentation dont les saxifrages à feuilles opposées.
Toundra |
Renne |
Jeunes rennes |
Les très nombreux
oiseaux (203 espèces enregistrés et plus de 100 000 individus par espèce)
nichent au sol dans les zones humides de la toundra ou sur d’énormes falaises
colorées par les différents végétaux. Au pied de ces falaises les milliers d’oiseaux
sont impressionnants et assourdissants. C’est un spectacle permanent, visuel et
sonore, difficilement descriptible. Fulmars, oies, bernaches, eiders, labbes,
goélands, mouettes tridactyle, sternes arctique, guillemots de Brünnich et à
miroir, mergule, macareux, bruant des neiges sont facilement observables.
Falaise aux oiseaux d'Alkhornet |
Bernaches nonnette |
Eiders |
Oeufs d'Eiders |
Goélands sur plaque de glace |
Labbe à longue queue |
Maccareux |
Sterne arctique |
Nous voilà de
retour à Longyearbyen pour la relève d’équipage. Aujourd’hui, le ciel est très
bas et il pleut. Nous ne voyons plus les montagnes. Appareillage lundi pour une
nouvelle quinzaine sur la côte nord-ouest.
Note sur le
Svalbard : « Pays aux côtes froides ».
L’archipel du Svalbard, isolé en bordure de l’océan glacial
arctique : quelques mots et chiffres.
1 île principale, le Spitzberg, et 8 îles secondaires (lîle aux Ours,
Prins Karls Forland, Nordaustlandet, Kvitoya, Kong Karls Land, Barentsoya,
Edgeoya, Hopen) et des centaines d’îlots, compris entre 74° et 81° de latitude
nord et 10° et 35° de longitude est.
63 000 km2 (39 000 pour le Spitzberg) dont 60%
englacés.
Intérieur de l’île principale constitué de plateaux sédimentaires
entaillés de cirques glaciaires.
Beaucoup de glaciers pas suffisamment alimentés qui se rétractent
lentement à l’intérieur de leur vallée.
Découvert en 1596 par le Hollandais Willem Barents. C’est alors le début
d’une course effrénée pour les ressources dans un « no man’s land ».
Aucun signe de population autochtone, inuit, Sames (Lapons) ou
Samoyèdes, seulement des montagnes, des fjords, des glaciers et de la glace
éternelle, une végétation clairsemée, une faune arctique.
Fréquenté par les baleiniers hollandais, français, danois et anglais,
par des trappeurs russes et norvégiens, puis des explorateurs, scientifiques,
industriels et croisiéristes.
1900 : début de l’extraction du charbon.
2000 : Le Spitzberg devient un centre important de recherches
internationales (analyses de fossiles de Sauriens, mesures topographiques,
forage de glace, études météorologiques, observatoire d’aurores boréales,
exploration de l’atmosphère, …)
A l’occasion du traité de Paris en 1920, l’archipel des Svalbard a été
attribué par 9 nations à la Norvège, qui a ratifié sa souveraineté le 14 août
1925. Toutes les nations ont les mêmes droits à l’exploitation des ressources.
Administration Norvégienne représentée par le gouverneur
(Sysselmannen) sis à Longyearbyen. Ses missions : service de police, de la
protection de l’environnement, des recherches judiciaires, du sauvetage, de la
vie touristique et des affaires de pollution ainsi que la protection des
espaces protégés, des sites culturels, de la flore et de la faune.
Soleil de
minuit du 19 avril au 23 août.
Nuit polaire
du 10 novembre au 2 février.
Température
moyenne en été : 5°C.
Amplitude
thermique maximale enregistrée : -46,3/21,3°C
2 600
résidents dont 1650 norvégiens, environ 850 Russes ou Ukrainiens et une dizaine
de Polonais.