Nous voici de nouveau à
Longyearbyen après 2 semaines de croisière toujours sur la côte nord-ouest du
Spitzberg.
Pas facile de trouver
une place au seul ponton de Longyearbyen, une quinzaine de voiliers s’y
entassent, du plus petit, 11 m, au plus gros, 37 m. C’est donc à couple jusqu’à
4 bateaux que chacun trouve sa place !
Ponton de Longyearbyen |
Quinzaine de navigation
intense en raison d’une météo capricieuse rendant la navigation peu confortable
aux nuits (même s’il fait jour !) quelquefois écourtées, et quelques
problèmes techniques certes rapidement résolus mais consommateur de temps et
d’énergie.
La veille du départ un
colmatage du réseau des toilettes avant impose un démontage complet et le
changement d’une partie de la tuyauterie.
Le tambour inférieur de
l’enrouleur se désaccouple de son support alors que nous étarquons le guindant
de la voile (je ne ferai pas de la pub pour le frs !), la tête du tube
s’encastrant dans le manchon supérieur de l’étai ; il faut affaler la voile
dans l’urgence et c’est toujours quand le vent forcit !
C’est au mouillage, au
calme, en 2 opérations, après 3 allers-retours en tête de mât et la
customisation des pièces détachées que l’enrouleur retrouve sa voile et sa
fonction. Les pièces détachées adaptées arriveront peut-être sous quinzaine.
La chaudière s’arrête
subitement. Le diagnostic est rapidement fait : le tuyau d’alimentation du
corps de chauffe (intégré au corps de chauffe donc non démontable) est
bouché ; panne récurrente que nous connaissons malheureusement bien.
Séquence démontage et changement du corps de chauffe. Moins de 24 heures après
l’eau chaude et la chaleur reviennent à bord pour le plaisir de tout
l’équipage !
J’en ai marre de
regonfler tous les matins le boudin avant de l’annexe !!! Le trou est
enfin détecté et la réparation en suivant résout enfin ce désagrément.
C’est assez pour cette
semaine !
Un régime de vent de
nord nous impose une navigation face au vent. Ici le clapot est court et dur et
les vagues sont très rapprochées. Ca me rappelle la méditerranée et certaines
navigations par mistral pour ceux qui connaissent. La grosse différence étant
bien sûr la température de l’eau et de l’air !!! Ca tape et ça cogne. Et
ici plus de 25 nœuds de vent réel au près, c’est vite du gros temps !!!
Après 23 heures de
navigation depuis Longyearbyen nous trouvons le calme au pied du glacier
Lilliehôôk au fond de la baie de la Croix. Un troupeau de bélugas nous fait le
plus bel accueil. Nous en reverrons plus tard devant Longyearbyen. De belles et
bruyantes chutes de glace alimentent la baie en growlers de toutes tailles.
Bélugas |
Chute de glace |
Séquence
dérapage : A 3h du matin le vent forcit à 40 nœuds avec des rafales à
45nds. La baie blanchit, un clapot gonfle la surface de l’eau et surtout des
growlers en provenance du glacier Lilliehôôk rentrent dans la baie. Très vite
le bateau commence à déraper vers le fond de baie et l’échouage semble
imminent. La sonde inférieure à 2 mètres est alarmante. Moteur en avant, l’ancre
est remontée, opération laborieuse et très salissante car l’eau est boueuse,
les fonds très vaseux et couverts de grosses algues laminaires. Le pont aura
besoin d’une grosse séance de nettoyage !!! Après 4 heures de navigation
nous trouvons refuge au mouillage du lieu-dit Ny-london, sis au sud de l’île de Blomstrand,
dans la baie du Roi. Nous retrouvons un autre voilier ayant vécu la même
mésaventure.
Ce type de navigation
serait bien différent, s’il ne faisait pas jour 24h sur 24. Il n’y a aucun
balisage même si les cartes sont relativement bien renseignées (c’est un grand
confort par rapport au Groenland). Nous devons cependant rester très prudent au
fond des fjords, mouillages et aux abords des glaciers ; les sondes étant peu
fiables car changeantes ou tout simplement inexistantes en raison du recul des
glaciers et des alluvions déversés par les cours d’eau.
Ny-London est un joli
petit mouillage ; on se croirait en Bretagne sud. La baie fermée sur 3
cotés est un très bon abri, sauf par vent de sud. Randonner sur l’île de Blomstrand
est plaisant. On y trouve une ancienne carrière de marbre abandonnée, avec les
restes de maisons en bois (2 ont été restaurées en 1992), de machines à vapeur,
de grue et de voie ferrée abandonnées.
Plan de Ny-London (AECO) |
Atterrissage à Ny-London |
Mouillage de Ny-London |
Chaudière à vapeur |
Cette
île a la particularité d’avoir été une presqu’île jusqu’en 1991, date à
laquelle le glacier Blomstrand reculant s’est détaché d’elle la transformant en
île.
Glacier Blomstrand |
Nous
rejoignons la baie de la Madeleine, toujours face au vent et au clapot et
trouvons 6 voiliers et 2 paquebots au mouillage, à l’abri. Le vent souffle
toute la nuit, 30-35 nds, et les growlers rentrant dans le mouillage tapent
contre la coque avant d’aller s’échouer sur la plage.
Mouillage de Magdalena baie |
Cette journée de vent
fort est l’occasion de faire une belle randonnée à terre jusqu’au glacier
Gully.
Gullybreen |
Au pied du glacier |
Les
sternes, d’une agressivité exemplaire, bien qu’un petit oiseau, animent nos
randonnées terrestres. Elles émettent de forts piaillements.
Le
retour du beau temps nous permet enfin de poursuivre notre route vers le nord et
de rejoindre le Raud-Fjord. Paysage grandiose, très beau glaciers, falaises à
oiseaux bruyantes et saisissantes. Cette cohabitation d’oiseaux sur les mêmes
falaises est certainement un phénomène des plus observables au Spitzberg qui
rappelle les falaises aux oiseaux islandaises.
Glacier Hamilton |
Le Smeereburgfjorden |
Montagne en nuage |
Plage de Smeerenburg |
Foyer à graisse de morses |
Colonie de morses de Smeerenburg |
Site de Smeerenburg avec four à graisse en premier plan Bois flottés |
Sjettebreen |
Falaise aux oiseaux |
Avec
la fonte de la neige, le Spitzberg nous dévoile sa diversité géologique
exceptionnelle. En effet, le Svalbard est une véritable archive géologique et
un super observatoire où les différents processus géologiques présents et
passés sont représentés. Les montagnes, vieilles de 400 millions d’année, sont
composées de différentes roches, chacune ayant une histoire géologique qui lui
est propre. Marbre, quartz, calcaire, dolomite, granite, gneiss, schiste, grès,
lave, …. dont les plus anciennes datent de 3,3 milliards d’année sont les
roches les plus connues. Le paysage est découpé par les fjords et les vallées.
Sur la roche on trouve
des sédiments non consolidés comme la boue, le sable et les graviers résultant
le plus souvent de l’érosion glaciaire aussi influencée par le vent et le gel.
L’altération du sol crée un support nécessaire à l’installation d’une
végétation de toundra variée, sol enrichi par les déjections des oiseaux et
autres animaux.
Le Spitzberg peut
fasciner plus d’un géologue en raison de toute cette diversité.
En cette période de
l’année de fonte de neige et de vêlage des glaciers, l’eau, chargée d’alluvions
et de boue, prend différentes couleurs allant jusqu’au rouge.
Eau rouge! |
Le Raudfjorden, ou
fjord rouge, en raison de la couleur du grès rouge de la rive orientale, reste
souvent très enneigé jusqu’au niveau de la mer.
Mouillage dans le Raufjorden |
Cabane d’un trappeur
sur une plage : de dimensions très réduites, aménagée d’un mobilier très
sommaire et d’un poêle. Un cahier permet de marquer son passage et de consulter
la liste des visiteurs précédents.
Le retour vers Longyearbyeen se fait enfin au portant, poussé par un fort nordet (toujours lui !). Par moment la trinquette seule suffira pour nous propulser à belle allure !
C’est sur le chemin du
retour, au fond du fjord de Trygghamna, sur un petit îlot, que nous découvrons
un jeune ours male, couché sur une petite plage. Que de joie à bord ! Nous
mouillons non loin de l’ilot pour l’observer à plaisir.
A bientôt.