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vendredi 28 août 2015

Retour par le nord-est du Spitzberg

Nous voilà en route vers les côtes nord du Spitzberg avant d’entamer le retour vers la Norvège par la côte est via le détroit d’Hinlopen.
Tout change,  s’accélère. Le soleil est plus bas et descend un peu plus tous les jours vers l’horizon. Les rayons sur l’eau reviennent. Le soleil passant derrière les montagnes, les vallées retrouvent l’ombre, et le froid nocturne revient.

Après une visite culturelle dans la ville fantôme de Pyramiden, premières escales dans la magnifique baie du Roi, à Ny-London puis à Ny-Alesund avant de rejoindre la baie de la Madeleine sous un temps magnifique.





Très belles chutes de glace sur le front du glacier du Roi.




Deux baleines nous offrent un beau ballet devant Ny-Alesund,


                                                                    (©Laurence Artaud)




Une ourse et son petit se nourrissent d’un morse échoué sur la grève.







15 août à midi : Nous quittons enfin la côte ouest que nous avons explorée pendant  plus de 2 mois (arrivée le 8 juin au sud du Spitzberg).

16 août ; séquence émotion : passage du 80ème degré de latitude nord et entrée dans l’océan arctique à 9h38 ! Vent nul et houle croisée. Plus de carte électronique au-dessus de cette latitude ; retour  à la méthode ancienne avec tracé de nos routes sur la carte papier.


Atterrissage sur l’île de Moffen, îlot de sable et de graviers de 4 à 5 Km de diamètre présentant une lagune intérieure qui abrite des colonies de morses.



Morses de Moffen

 Cap sur l’entrée du détroit de Hinlopen. Un vent de face forcissant rafraîchit vite la température sur le pont. Nous retrouvons les températures négatives.


Navigation dans le fjord de Murchison, une très belle baie constellée d’îles rocheuses dominées par une calotte glacière et offrant une belle navigation dans des eaux claires et des roches colorées. Cependant le temps se gâte, apportant vent et pluie,  nous bloquant dans un mouillage au pied d’une calotte glaciaire.

Fjord de Murchison carte papier
Pas de carte électronique! 
Mouillage devant la calotte glaciaire des îles du NE
Le 18 août, nous nous engageons dans le détroit de Hinloppen après 24h bloqués dans le fjord de Murchisson. Le brouillard se lève, tout est calme, quelques icebergs dérivent doucement, les fulmars nous accompagnent et nous croisons un grand rorqual.

Fulmars



Grand rorqual


Nous passons devant Alkefjellet, superbe falaise aux oiseaux au sud du cap Fanstrawe : orgues de basalte qui culminent à environ 230 m d’altitude et abritent l’une des plus grandes colonies de l’archipel, environ 120 000 couples de Guillemots de Brünnich et mergules.
A 100 m de la falaise, avec des fonds marins de plus de 50 m, nous assistons à un merveilleux spectacle, impressionnant par le nombre d’oiseaux, le bruit et l’odeur.












Le détroit de Hinloppen sépare le Spitzberg de la terre du Nord-Est sur environ 170 km et une largeur de 9 à 46 km. Dans sa partie sud environ 40 îles et îlots présentent de très belles formations basaltiques. Les calottes glaciaires qui s’y jettent  en mer donnent des paysages remarquables et grandioses.









Ces glaciers se forment au départ des calottes ou des cirques montagneux pour couler en langues vers la mer. On dénombre environ 3650 glaciers au Svalbard.
Les calottes glaciaires du Svalbard ont entre 200 et 430 m d’épaisseur, contre 3100 m au Groenland et 4800 m en Antarctique.

Les paysages du détroit de Hinloppen que nous empruntons sont d’une grande beauté, à vous couper le souffle. L’immensité des glaciers, à perte de vue, émanant des différentes calottes glaciaires est impressionnante. La diversité géologique du Spitzberg nous offre des paysages très différents les uns des autres d’une côte à une autre. Sur la côte est les paysages sont plus grandioses et plus sauvages dans leurs formes les plus pures que sur la côte ouest.


 Tommelbreen



 Moltkebreen



Front du glacier Hochsetterbreen

L’atmosphère générale est surprenante. Nous sommes seuls.
Nous retrouvons le froid, ressortant les moufles, les cagoules, les sur-chaussettes, … L’eau de mer, libérée des glaces de la banquise il y a quelques semaines seulement est glaciale (1°c).
Nous retrouvons les glaces dérivantes, situation imposant une veille constante.
Nous retrouvons aussi les courants marins avec lesquels il faut au mieux définir nos routes. Le seul port de référence pour les horaires des marées est Longyearbyen sur la côte ouest. A nous donc d’extrapoler les données avec nos observations pour définir le sens et la force des courants. Nous avons 6 nœuds de courant dans le Heleysundet par coeff. 70 de marée.
La navigation sur carte papier est aussi indispensable, la cartographie électronique étant très incomplète. Cependant il y a encore de nombreuses zones non cartographiées, donc sans sonde pour nous. Prudence et patience s’imposent sur ces côtes.

Nous ne croisons que 4 bateaux sur la côte est, 2 scientifiques, L’Hydrographe et le Sigma, la goélette hollandaise Noorderlicht et le bateau de passagers Ortélius transportant aussi 55 scinetifiques dont une équipe d’archéologues hollandaise étudiant l’implantation des trappeurs Russes sur ces côtes au 18ème siècle.

En sortant du détroit de Hinlopen nous nous engageons dans le détroit d’Heley pour rejoindre le Storfjorden entre le Spitzberg et les îles de Barents et d’Edge. L’île de Barents est recouverte d’une calotte glaciaire de 900 km2 et l’île d’Edge est la troisième plus grand île de l’archipel des Svalbard.

Dans le Heleysundet nous mouillons au fond d’un fjord magnifique, très bien protégé, nous permettant ainsi de faire une belle randonnée à pieds.


Débarquement en annexe scabreux!














En raison de la présence d’un ours sur les berges et d’une accumulation de glace au fond de la baie nous ne pouvons pas mouiller dans Sundbukta au sud de l’île de Barents.




Le Freemansund, détroit entre l’île de Barents et l’île Edge est encombré de glaces dérivantes au grès des courants montants et descendants assez forts.


Nous rejoignons un magnifique mouillage au sud du Cap Lee, sur l’île Edge, sur le site de Dolerittneset. Glace dans le mouillage, toundra colorée, falaise, cimetière de morses, cabanes de trappeurs norvégiens, vestiges de constructions russes du 18ème siècle et colonie de morses sur la plage font de ce mouillage un havre magnifique et exceptionnel. Nous avons le temps d’en profiter avant l’arrivée d’un brouillard épais accompagné d’une chute du baromètre et d’un vent de sud-est frais et humide. Il fait froid, au-dessous de 0°c, l’eau est à 0°c aussi et les rayons de soleil ne réchauffent plus.


Soleil de minuit












Le dimanche 23 août nous quittons le Spitzberg pour la Norvège à 450 milles plus au sud.
Le soleil se couche pour la première fois depuis 4 mois, et nous passons sous le 78ème degré de latitude.
Le coup de vent de sud-est de cette nuit associé au courant montant vers le nord a poussé vers nous une belle barrière de glace, résidu de banquise bien disloquée composée d’épaisses plaques de glace. Nous devons nous frayer un passage pour rejoindre l’eau libre et mettre enfin le cap au sud. La progression est laborieuse et très lente, 3h pour parcourir 1 mille !
Nous passons. Cap sur la Norvège et au revoir au Spitzberg.

La banquise





Tricotage dans la banquise
Passer du froid au chaud, de la glace à l’eau libre, du noir, marron, blanc au vert, bleu et rouge, du jour à la nuit, … en 4 jours de traversée de la mer de Barents, la transition est brutale !
Après un peu moins de 4 jours de navigation et 500 milles (926 km) nous atterrissons sur l’île d’Arnoya au nord des alpes de Lyngen en Norvège. Après la barrière de glace, c’est dans un épais brouillard que nous naviguons lentement pendant 2 jours. Puis un vent d’est nord-est, soufflant à 25-30 nœuds, vient enfin accélérer le rythme de cette fin de traversée en nous poussant à vive allure et dégageant le ciel. La température de l’eau remonte à 10°c, facilitant immédiatement les manœuvres sur le pont ; les cordages s’assouplissent. Cette première nuit nous offre de belles aurores boréales, spectacle toujours aussi fascinant et magique. Le beau temps semble s’établir et la chaleur est bienvenue.


Passagers clandestins!

Tour du Spitzberg
Après un dernier mouillage à l’île de Sandholmen dans les fjords vers Tromso, nous arrivons à Tromso ce vendredi 28 août. Notre dernière escale à Tromso était le 28 mai dernier.
Le baromètre amorce une belle descente et le ciel est annonciateur de pluie.

Mouillage d'Arnoya
Mouillage de l'île Sandholmen
Arrivée à Tromso
Entrée dans le port de Tromso


Appareillage pour la Bretagne lundi.