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mercredi 14 août 2013

Groenland (2)


Nous améliorons notre méthode de captation d’eau douce, et potable, dans les cascades, obtenant un débit de 470 litres par heure (diamètre du tuyau plus grand, entonnoir mieux adapté, …). Notre consommation est de 15 litres d’eau par jour et par personne. Ainsi tous les 10 jours nous pouvons faire le plein de nos 4 réservoirs (2000 litres au total). Il faut cependant trouver une cascade sur roche provenant d’un lac d’altitude et non d’un glacier ; l’eau d’origine glaciaire est trouble, chargée d’alluvions et non potable. Ces opérations sont toujours l’occasion d’un mouillage sympathique et original, très proche de la cascade (nous ne disposons que de 75 m de tuyau), et dans peu de fond. Le fjord de Tassilartiq, entre Kulusuk et Tasiilâq nous offre le meilleur site pour l’eau ainsi que pour une belle randonnée autour des lacs.






En escale à Tasiilâq le mercredi 5, l’analyse des fichiers météo confirme l’arrivée d’un coup de vent F8 (vent de 40 nœuds) de nord-est pour demain. Le mouillage de Tassilâq n’étant pas sûr, nous décidons d’appareiller le soir même pour le Sermilik, fjord le plus à l’ouest, afin de nous abriter. La carte des glaces mentionnant une densité de 2-4/10ème le fjord doit être praticable.

A 23 heures nous sommes bloqués dans le Sermilik par de nombreuses plaques de glace ; la densité étant plutôt 6-8/10ème ! Que penser ? Il est impossible de rester ici, la houle du large commençant à remonter dans le fjord, la pluie arrivant avec le vent, et la nuit. Nous faisons demi-tour pour rejoindre au plus vite, avant le coup de vent, le fjord Angmagssalik à l’est puis le mouillage de Sangmileq où nous serons à l’abri. A 6 h ce jeudi nous jetons l’ancre dans ce mouillage sous une pluie forte ; nous y restons 24 heures, sans mettre le nez dehors, autre que pour se dégager de plaques de glace coincées dans notre chaîne.

Suivra 3 jours de grand beau temps, nous offrant une vision merveilleuse de cette région de la côte est du Groenland. Une nouvelle traversée du Sermilik pour jauger la densité de la glace est l’occasion d’admirer de beaux icebergs.  Puis nous rejoignons le fjord de Sermiligâq pour admirer les deux grands glaciers, le Karale et le Rasmussen. Ce n’est qu’émerveillement. Il est difficile de dire si le front du glacier a reculé ou pas ces 3 dernières années. C’est en traçant notre route sur nos cartes marines mises à jour en 1965 que nous réalisons à quel point certains glaciers ont reculés. Certains ne reculent pas.





























Base Ikatek

En descendant le fjord Ikatek, nous mouillons devant la base aérienne américaine désaffectée. Cet aéroport fut une base relais entre l’Amérique et l’Europe qui a vu toute la flotte aérienne alliée en partance de l’Angleterre. Fermée en 1957, elle fut désaffectée en 1991.

Ce fut d’abord une station météo, construite en 1941, améliorant les prévisions du temps au-dessus de l’atlantique et de la Grande Bretagne, puis une base aérienne de secours pour les avions P-38 transitant du Labrador vers l’Ecosse (opération Boléro).

Ikatek était ravitaillée par les patrouilleurs (cutters) des Gardes Côtes Américains et servait de base de départ pour la surveillance de la côte est du Groenland (recherche de stations météo allemandes). L’intérêt de cette base a cessé avec la fin de la guerre en Europe.

Nous nous promenons au milieu des restes encore visibles de cette station, bâtiments métalliques, chaudières, véhicules, fûts de carburant, … De la station nous avons un très beau point de vue sur le fjord et sur la chaîne montagneuse.