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samedi 25 juillet 2015

Croisière ventée et rencontre inattendue


Nous voici de nouveau à Longyearbyen après 2 semaines de croisière toujours sur la côte nord-ouest du Spitzberg.
Pas facile de trouver une place au seul ponton de Longyearbyen, une quinzaine de voiliers s’y entassent, du plus petit, 11 m, au plus gros, 37 m. C’est donc à couple jusqu’à 4 bateaux que chacun trouve sa place !

Ponton de Longyearbyen
Quinzaine de navigation intense en raison d’une météo capricieuse rendant la navigation peu confortable aux nuits (même s’il fait jour !) quelquefois écourtées, et quelques problèmes techniques certes rapidement résolus mais consommateur de temps et d’énergie.

La veille du départ un colmatage du réseau des toilettes avant impose un démontage complet et le changement d’une partie de la tuyauterie.
Le tambour inférieur de l’enrouleur se désaccouple de son support alors que nous étarquons le guindant de la voile (je ne ferai pas de la pub pour le frs !), la tête du tube s’encastrant dans le manchon supérieur de l’étai ; il faut affaler la voile dans l’urgence et c’est toujours quand le vent forcit !
C’est au mouillage, au calme, en 2 opérations, après 3 allers-retours en tête de mât et la customisation des pièces détachées que l’enrouleur retrouve sa voile et sa fonction. Les pièces détachées adaptées arriveront peut-être sous quinzaine.
La chaudière s’arrête subitement. Le diagnostic est rapidement fait : le tuyau d’alimentation du corps de chauffe (intégré au corps de chauffe donc non démontable) est bouché ; panne récurrente que nous connaissons malheureusement bien. Séquence démontage et changement du corps de chauffe. Moins de 24 heures après l’eau chaude et la chaleur reviennent à bord pour le plaisir de tout l’équipage !
J’en ai marre de regonfler tous les matins le boudin avant de l’annexe !!! Le trou est enfin détecté et la réparation en suivant résout enfin ce désagrément.
C’est assez pour cette semaine !

Un régime de vent de nord nous impose une navigation face au vent. Ici le clapot est court et dur et les vagues sont très rapprochées. Ca me rappelle la méditerranée et certaines navigations par mistral pour ceux qui connaissent. La grosse différence étant bien sûr la température de l’eau et de l’air !!! Ca tape et ça cogne. Et ici plus de 25 nœuds de vent réel au près, c’est vite du gros temps !!!




Après 23 heures de navigation depuis Longyearbyen nous trouvons le calme au pied du glacier Lilliehôôk au fond de la baie de la Croix. Un troupeau de bélugas nous fait le plus bel accueil. Nous en reverrons plus tard devant Longyearbyen. De belles et bruyantes chutes de glace alimentent la baie en growlers de toutes tailles.

Bélugas
Chute de glace
Séquence dérapage : A 3h du matin le vent forcit à 40 nœuds avec des rafales à 45nds. La baie blanchit, un clapot gonfle la surface de l’eau et surtout des growlers en provenance du glacier Lilliehôôk rentrent dans la baie. Très vite le bateau commence à déraper vers le fond de baie et l’échouage semble imminent. La sonde inférieure à 2 mètres est alarmante. Moteur en avant, l’ancre est remontée, opération laborieuse et très salissante car l’eau est boueuse, les fonds très vaseux et couverts de grosses algues laminaires. Le pont aura besoin d’une grosse séance de nettoyage !!! Après 4 heures de navigation nous trouvons refuge au mouillage du lieu-dit  Ny-london, sis au sud de l’île de Blomstrand, dans la baie du Roi. Nous retrouvons un autre voilier ayant vécu la même mésaventure.

Ce type de navigation serait bien différent, s’il ne faisait pas jour 24h sur 24. Il n’y a aucun balisage même si les cartes sont relativement bien renseignées (c’est un grand confort par rapport au Groenland). Nous devons cependant rester très prudent au fond des fjords, mouillages et aux abords des glaciers ; les sondes étant peu fiables car changeantes ou tout simplement inexistantes en raison du recul des glaciers et des alluvions déversés par les cours d’eau.

Ny-London est un joli petit mouillage ; on se croirait en Bretagne sud. La baie fermée sur 3 cotés est un très bon abri, sauf par vent de sud. Randonner sur l’île de Blomstrand est plaisant. On y trouve une ancienne carrière de marbre abandonnée, avec les restes de maisons en bois (2 ont été restaurées en 1992), de machines à vapeur, de grue et de voie ferrée abandonnées.

Plan de Ny-London (AECO)
Atterrissage à Ny-London
Mouillage de Ny-London
Chaudière à vapeur



Cette île a la particularité d’avoir été une presqu’île jusqu’en 1991, date à laquelle le glacier Blomstrand reculant s’est détaché d’elle la transformant en île.


Glacier Blomstrand
 Nous rejoignons la baie de la Madeleine, toujours face au vent et au clapot et trouvons 6 voiliers et 2 paquebots au mouillage, à l’abri. Le vent souffle toute la nuit, 30-35 nds, et les growlers rentrant dans le mouillage tapent contre la coque avant d’aller s’échouer sur la plage. 
Mouillage de Magdalena baie
Cette journée de vent fort est l’occasion de faire une belle randonnée à terre jusqu’au glacier Gully.

Gullybreen
Au pied du glacier
Les sternes, d’une agressivité exemplaire, bien qu’un petit oiseau, animent nos randonnées terrestres. Elles émettent de forts piaillements.






Le retour du beau temps nous permet enfin de poursuivre notre route vers le nord et de rejoindre le Raud-Fjord. Paysage grandiose, très beau glaciers, falaises à oiseaux bruyantes et saisissantes. Cette cohabitation d’oiseaux sur les mêmes falaises est certainement un phénomène des plus observables au Spitzberg qui rappelle les falaises aux oiseaux islandaises.

Glacier Hamilton
Le Smeereburgfjorden
Montagne en nuage
Plage de Smeerenburg
Foyer à graisse de morses
Colonie de morses de Smeerenburg
Site de Smeerenburg avec four à graisse en premier plan


Bois flottés
Sjettebreen
Falaise aux oiseaux
Avec la fonte de la neige, le Spitzberg nous dévoile sa diversité géologique exceptionnelle. En effet, le Svalbard est une véritable archive géologique et un super observatoire où les différents processus géologiques présents et passés sont représentés. Les montagnes, vieilles de 400 millions d’année, sont composées de différentes roches, chacune ayant une histoire géologique qui lui est propre. Marbre, quartz, calcaire, dolomite, granite, gneiss, schiste, grès, lave, …. dont les plus anciennes datent de 3,3 milliards d’année sont les roches les plus connues. Le paysage est découpé par les fjords et les vallées.
Sur la roche on trouve des sédiments non consolidés comme la boue, le sable et les graviers résultant le plus souvent de l’érosion glaciaire aussi influencée par le vent et le gel. L’altération du sol crée un support nécessaire à l’installation d’une végétation de toundra variée, sol enrichi par les déjections des oiseaux et autres animaux.
Le Spitzberg peut fasciner plus d’un géologue en raison de toute cette diversité.




En cette période de l’année de fonte de neige et de vêlage des glaciers, l’eau, chargée d’alluvions et de boue, prend différentes couleurs allant jusqu’au rouge.



Eau rouge!
Le Raudfjorden, ou fjord rouge, en raison de la couleur du grès rouge de la rive orientale, reste souvent très enneigé jusqu’au niveau de la mer.


Mouillage dans le Raufjorden


Cabane d’un trappeur sur une plage : de dimensions très réduites, aménagée d’un mobilier très sommaire et d’un poêle. Un cahier permet de marquer son passage et de consulter la liste des visiteurs précédents.





Le retour vers Longyearbyeen se fait enfin au portant, poussé par un fort nordet (toujours lui !). Par moment la trinquette seule suffira pour nous propulser à belle allure !


C’est sur le chemin du retour, au fond du fjord de Trygghamna, sur un petit îlot, que nous découvrons un jeune ours male, couché sur une petite plage. Que de joie à bord ! Nous mouillons non loin de l’ilot pour l’observer à plaisir.











A bientôt.