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dimanche 12 juillet 2015

L’été arctique

Nous poursuivons notre navigation le long de la côte nord-ouest du Spitzberg, montant toujours plus nord. La neige fond très vite et c’est un nouveau paysage qui s’offre à nous, plus marron que blanc.




Ymerbukta (en noir et blanc)
Plus au nord, dans le Raudfjorden, le blanc semble rester la couleur principale de notre décor et les températures sont beaucoup plus fraîches.

Hamilton breen
Raudfjordbreen

Front du glacier Svitjodbreen
 Souvent, en moins de 2 jours se succèdent d’étonnantes variations de temps. Un grand beau temps sans vent, suivi d’une arrivée de nuages et de rafales de vent, un grand beau temps au point de pouvoir prendre l’apéro dans le cockpit au soleil et enfin un temps bouché, sans visibilité, mais calme, …
Les températures depuis le début du mois sont relativement douces, voir chaudes (10-15°).
Certains équipiers et équipières vont jusqu’à faire la sieste allongés sur le pont, … chaudement habillés.
Le temps change tous les jours, changeant quelque fois radicalement en une demi-journée : vent, calme, froid (-2°-5°), chaud (10°-15°), couverture nuageuse, brouillard, ciel très clair.
Il ne pleut pas beaucoup et la dernière chute de neige date du 13 juin. C’est plus du crachin que de la pluie accompagné d’un brouillard ou d’un plafond des nuages très bas.
Les nuages couvrant souvent les trois quart du ciel ne nous bloquent cependant pas pour nos navigations ou nos randonnées à terre.
Le baromètre est bien monté, à 1027 HP, et les bancs de brouillard au niveau de la mer sont signe de beau temps stable. La couche d’air froid, local provenant des glaciers ou en provenance de l’océan arctique au nord, se glisse sous l’air doux, et au contact de la mer, favorise la formation de nappes de brouillard de faible épaisseur (100 à 300 m.).




Brouillard sur l'île de Fuglesongen
Bourguignons (growlers) échoués sur la plage du glacier Gullybreen
Nous prenons régulièrement des fichiers météo en provenance des Etats-Unis (fichier Grib) et les bulletins norvégiens. Cependant l’incidence du relief fausse complétement les prévisions de vent en force et en direction ; les directions et les forces n’étant pas les mêmes d’un fjord à l’autre. Une différence de température, même faible, entre l’air froid au contact de la neige ou de la glace et l’air plus doux au niveau de la mer (T° eau entre 3 et 6°) provoque un écoulement de cet air froid par les vallées glaciaires. Par grand beau temps et ciel clair, ce type de vent, thermique, est fréquent

En fond glacier Esmarkbreen dans Ymerbukta
Baraques en bois utilisées dans les années 1950 par des expé scientifiques, montées sur des patins et tractées par de puissants engins à chenilles, abandonnées dans Ymerbukta
La luminosité de l’air est surprenante, surtout par grand beau temps. La présence du soleil durant 24 heures y est pour quelque chose. En ce moment, le soleil à minuit est tellement haut que son éclat, par ciel clair, est presque le même qu’à midi. Sa capacité à nous réchauffer est cependant plus faible. Situation déconcertante, par temps couvert il est difficile d’estimer l’heure qu’il est à l’aide de la luminosité du soleil. Le compas (boussole), quand il ne perd pas la tête, complètement perturbé en ces hautes latitudes, reste le meilleur moyen d’estimer notre heure : à 1h le soleil est au nord, à 7h à l’est, à 13h au sud et à 19h à l’ouest (Heure TU+2 arrondie), mais nous avons une électronique performante et fiable pour cela!


La côte de 7 glaciers
Magdalena baie
Mouillage devant le glacier du 14 juillet
Soleil de minuit à St Laurentiusbukta
 Au fond de la baie du Roi le glacier Kongvebreen, très actif, engendre une grande quantité de glace. Plaquée contre le front du glacier par le vent et le courant nous avons une vision très chaotique de ce glacier. L’eau, chargée d’alluvions et de débris de moraines, est marron.

Front chaotique



Mais où est la glace ? La glace des fronts des glaciers bien bleue traduit une activité intense de ceux-ci. Mais les fjords sont vides de glace, et les icebergs sont tout petits. Doit-on en déduire que la chaleur qui sévit actuellement et le fort rayonnement du soleil accélèrent la fonte de la glace. Nous ne retrouvons pas les phoques barbus qui habituellement se reposent sur des plaques de glace.

Le beau temps nous permet de découvrir les 3 couronnes, Nora, Svéa et Dana, baptisées ainsi en l'honneur des trois royaumes de Scandinavie.

Carte baie du Roi et baie de la Croix
Les 3 couronnes
L’observation des colonies de morses reste toujours une attraction très amusante. Nous les retrouvons à Smeerenburg et plus au sud à Poolepynten sur l’île Prins Karls, les approchant à une trentaine de mètres (conformément aux recommandations de l’AECO).




Nous voyons aussi de nombreux rennes avec leurs bois impressionnants, ces bois qui poussent au printemps et tombent au début de l’hiver, après le rut et les combats qui l’accompagnent, chez les mâles, au printemps après la mise bas chez les femelles. Ces ramures peuvent atteindre 1,5 m et peser 10 Kg.  Peu craintifs, et ayant une mauvaise vue, les rennes se laissent approcher pour notre plus grand plaisir.







Bois de renne de nature osseuse et nourris par le velours, peau richement vascularisée et innervée.
Gigot de Renne au menu!!
Les oiseaux de mer, toujours très nombreux attirent beaucoup notre attention.

Goéland bourgmestre
Mouette Tridactyle 
Mouette tridactyle
Sterne arctique
Mouettes tridactyle à Signehamna

Bernaches nonnette

Nous croisons d’autres voiliers, des plaisanciers avertis en quête d’un peu d’aventure.
Au nord, dans le Raudfjord, nous croisons 3 paquebots de croisière dont le « Boréal » de la compagnie française du Ponant, eux aussi à la recherche d’un ours que nous ne trouvons pas ! En arrivant à Longyearbyen nous apprenons qu’il y avaient 2 ours, un mâle et une femelle, dans le fjord suivant, plus à l’est, devant le glacier Monacobreen. Ce sera pour les prochains jours !!

Chute de glace Waggonwaybreen

Nous voici de nouveau à Longyearbyen, pour le weekend, pour une relève d’équipage. Il y a du monde au mouillage, pas moins de 15 voiliers, polonais, suisse, anglais, français. Nous retrouvons des amis de Bretagne sud qui naviguent en famille. C’est en effet le plein été ici et la chaleur exceptionnelle de ces derniers jours semblent le confirmer ; il fait 13°c à l’ombre sur le pont. Je ne mets plus de bonnet !!!

Mouillage à Poolepynten
Mais aujourd’hui, dimanche, nous sommes noyés dans un épais brouillard bien froid et bien humide !


A bientôt.