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vendredi 16 août 2013

Groenland (3)

La météo est médiocre; nous sommes coincés entre 2 dépressions (992 et 995HP) amenant un temps gris et relativement doux (3 à 6° à l'abri du vent), et de la pluie, mais pas de vent dans notre zone étant très près des centres dépressionnaires.

Ce matin du 18 août le ciel est bas et les montagnes, saupoudrées de neige cette nuit, ont blanchi.
Ce n'est pas une météo arctique! L’anticyclone n'est pas là!

Ce temps rend les glaciers très actifs, ces derniers libérant des icebergs sans discontinuer. Remontant les fjords jusqu’aux glaciers, évoluant dans le bratsh, nous nous maintenons à distance respectable des fronts des glaciers (7 fois la hauteur du front, soit environ à 300 mètres) et profitons des craquements de la glace  et des chute de morceaux de glace dans l’eau.

Je suis toujours surpris par la vitesse de déplacement des glaces, vidant ou remplissant un fjord, un mouillage. Le mouvement de la glace est imprévisible et peu documenté ; nous subissons ses humeurs et ses caprices ! Pour les mouillages de nuit nous privilégions ceux par faible profondeur, quand on les trouve, pour se tenir à distance des glaces dérivantes les plus volumineuses.

A entendre les chasseurs groenlandais le plus dangereux pour la navigation est ce qu’ils appellent la glace noire. Ce sont des blocs de glace entièrement translucides affleurant à la surface de l’eau.

Souvent extrêmement imposante la partie visible de l’iceberg ne représente pourtant que 20% environ de sa taille totale. Chaque iceberg est unique, modelé par différents processus, l’érosion, le creusement, le basculement, le pivotage, la submersion, l’abrasion fine ou grossière.

Des éperons sous-marins de glace débordent souvent de la partie immergée des icebergs nous imposant une navigation attentive et le respect d’une certaine distance d’eux, quand cela est possible.








Devant le glacier Rasmussen








L'Inlandsis








Alerte officielle aux ours !!

Le message circule vite dans les villages ; 4 ours ont été vus dans le fjord Sermiligaq ces derniers jours. La fonte tardive de la banquise et son déplacement plus sud cette année explique peut-être la présence d’ours dans ce coin de la côte est. En effet l’ours blanc vit sur la banquise une partie de l’année, se nourrissant de phoques et rejoignant la terre quand la banquise de disloque et fond.

Faut-il, comme au Spitsberg s’armer d’un fusil et désormais rester grouper lors de nos randonnées terrestres ? Le débat est lancé.

Nous rencontrons un chasseur de Kummiut qui nous montre avec fierté les cranes et les peaux des ours qu’il a tués en avril dernier.



Nous poursuivons notre navigation dans la région d’Angmagssalik explorant de nouveaux fjords et repérant de nouveaux mouillages. Navigation « aventureuse » en l’absence de sonde sur les cartes marines, ces dernières aux contours côtiers très approximatifs étant moins précises que les cartes terrestres destinées aux randonneurs. En observant les dénivelés terrestres nous imaginons la topographie sous-marine. On annote alors nos cartes au grès de nos découvertes : récifs, îlots, …

Phoques, orques, rorquals et baleines à bosse viennent croiser notre route.








Ce 19 août, après une belle journée sous un ciel très limpide, nous voyons nos premières aurores boréales malgré la présence d’une lune presque pleine. Ce n’est qu’émerveillement.

Le lendemain, le changement brutal du temps (pluie) et l’annonce d’un coup de vent nous incite à aller nous mettre à l’abri au fond d’un fjord à l’ouest du Sermilik à une journée de navigation au milieu des icebergs. Une nouvelle dépression nous passe dessus !