Le sud,
au caractère très alpin, offre un cadre exceptionnellement beau de pics et d’aiguilles
granitiques que l’on compare souvent aux montagnes de la Patagonie.
En
pénétrant dans les fjords on découvre une végétation de bouleaux et de saules.
C’est aussi le lieu protégé pour le pygargue à queue blanche.
Cette
côte est constituée de milliers d’îles, îlots et rochers. C’est impressionnant.
Imaginez les côtes norvégiennes sans habitation, sans arbre, sans balisage,
avec des montagnes plus hautes, du brouillard et des icebergs en plus. Vous y
êtes presque !!
Nous
avons la mauvaise idée, bien que réglementaire, de signaler notre présence dans
les eaux groenlandaises aux gardes côtes groenlandais via Aasiaat Radio (ch.
16). Ces derniers nous demandent d’abord de leur signaler notre position toutes
les 6 heures, puis de leur signaler nos destinations et nos heures d’arrivée. Une nuit
ils nous ont réveillés à 1h du matin pour confirmation de position !!! Ils
finissent par comprendre que nous sommes un petit voilier tributaire des aléas
météo, de la force du vent et des envies de l’équipage. Nos contacts vont alors
s’espacer.
De
nuit et dans le brouillard, nous atterrissons à Nanortalik (« l’endroit
avec des ours polaires »), sur l’île qui porte le même nom, à l’embouchure
du fjord Tasermiut. Ville de 1350 habitants, 10ème plus grande ville
du Groenland et la plus méridionale, c’est une ville de pêcheurs avec des maisons
en bois peintes de toutes les couleurs, et quelques petits immeubles. Nous nous
amarrons au caboteur de la Royal Artic Line qui approvisionne les villages. Cinq
villages et plusieurs fermes ovines entourent cette ville.
L’hôpital |
Maison d'hiver des anciens |
Chez le poissonnier nous trouvons des cabillauds, du phoque et une plante que nous mettons du temps à identifier, l’angélique, qui se cuisine salée (comme le céleri) ou sucrée. Nous goûtons !
Phoque |
Angélique |
Nous
profitons de deux belles journées ensoleillées.
Montagnes et icebergs nous offrent des paysages merveilleux.
Cassure d’iceberg, spectaculaire et très bruyante |
Sur l’île d’Unnartoq, où nous mouillons pour une nuit, nous profitons de sources d’eau chaude (38°c) pour prendre un bain dans un décor féérique, admirant des icebergs à la dérive, en compagnie de familles inuits. Les vikings accordaient à ses sources d’eau chaude un pouvoir curatif.
Le
soir, alors que nous jetons l’ancre au nord du village d’Alluitsup Paa, en ce
14 juillet, les habitants tirent un feu d’artifice, en plein jour !!!
Cette pratique est très fréquente car se fait à l’occasion de mariages,
anniversaires ou autres fêtes. Donc, rien avoir avec le 14 juillet !!! Le
lendemain un feu d’artifice nous accueille à Qaqortoq.
Village d’Alluitsup Paa |
Qaqortoq
est la capitale du sud du Groenland, avec 3 500 habitants, souvent
considérée comme la plus jolie ville du pays. Ville étudiante, sa principale
activité industrielle est le tannage de la peau de phoque.
La relative fertilité des sols de cette
région est favorable à l’élevage de moutons, raison pour laquelle nous ne
trouvons pas de chiens groenlandais, ainsi qu’à une agriculture fourragère.
Atterrissage sur Qaqortoq |
Peaux de phoques teintées |
Club de kayak |
Echange avec la population dans l’unique bar de la ville, douche à l’auberge de jeunesse, plein de gasoil à la station-service automobile via l’annexe chargée des bidons et plein d’eau à l’aide de la lance à incendie du port !!!!
Suite à la rencontre avec l’organiste de l’église de Qaqortoq un mini concert sera improvisé avec les musiciens du bord, orgue, flûte traversière et voix. Echange sympathique !
L'église |
Concert improvisé |
Cette région du Groenland possède le climat le plus doux du pays, avec cependant de nombreux aléas climatiques. C’est aussi la région la plus verte et fertile où l’on trouve les élevages de moutons. Le relief devient plus doux et moins haut avec des montagnes atteignant 1200 mètres d’altitude. L’arrière-pays marqué par les dépôts sédimentaires parsemés de lacs et rivières offrent un beau territoire aux caribous. Au fond des profonds fjords viennent mourir d’énormes glaciers qui vêlent les icebergs que nous croisons sur notre route.
Un
brouillard épais nous prive de la découverte de ces paysages. Zigzaguant entre
les îlots et les icebergs, en nous imposant une veille attentive (nous n’avons
pas de radar), nous rejoignons la côte, l’eau libre et la visibilité.
On croise l'Express Cotier |
Nouveau
coup de vent annoncé, 35 nds GRIB avec rafales à 47 nds de sud. Une autre météo
annonce 25 nds. Que penser ? Nous serons au portant. Puis la météo annonce
une renverse de nord peu favorable à notre progression vers Nuuk en suivant.
Alors on continue.
Comme
prévu le vent forcit à 45 nds avec des rafales à 50 nds. La mer grossit
favorable à de jolis surfs dont un à 18 nds pendant mon quart !! Le petit
foc montre des signes de faiblesse (des coutures lâchent) et une vague plus
grosse que les autres submerge totalement le cockpit noyant le coffre où est logé
le moteur du pilote automatique. Ce dernier s’arrête de fonctionner nous
obligeant expressément de barrer.
La
décision est prise de faire escale au village de Qeqertarsuatsiaq, village de
pêcheurs de 230 habitants où l’amarrage au petit quai en bois est périlleux en
raison du vent. Trop absorbé à réparer notre pilote, en vain, nous ne verrons rien
de ce petit village. Quant à la voile, le vent et la pluie ne nous permettent
pas de l’affaler pour la réparer.
Nous
repartons après une petite nuit de sommeil, repoussant les réparations à plus-tard.
Le vent a bien faiblit. Les quarts de
barre se succèdent, 30 minutes pour les uns, 1 heure 30 pour d’autres. C’est l’occasion
pour nous de voir quelques phoques, sur le dos, nageoires en l’air, et croiser
quelques baleines de Minke (Rorqual).
Le
vent nous abandonne alors que nous prenons des passages intérieurs, entre des
îles, pour rejoindre Nuuk que nous atteignons le samedi 21 à 4h 00.
Deuxième coup de vent F9 |
Séchage des cirées et gants! |
On barre ! |
Village de Qeqertarsuatsiaq |
Atterrissage sur Nuuk |
Port de Nuuk |
Le jour
même est consacré au nettoyage et aux réparations. Longue séance couture, réparation
enrouleur et drisse, nettoyage des fonds où eau, huile et gasoil se mélangent,
séchage, … Le moteur du pilote ne veut pas fonctionner, il est plein d’eau de
mer !
Maintenant, place à la visite de Nuuk, la
capitale du Groenland avec ses 17000 habitants.